bought an old issue of magazine littéraire on Artaud in Paris last summer, which included an interview with Derrida (was trying to translate & found myself writing 'a movement of identificatory projection', the head is not clever):
Si j'essaie de me rappeler la première fois que le nom d'Artaud a résonné pour moi, ce fut sans doute à travers une lecture de Blanchot qui renvoyait à la Correpondance avec Jacques Rivière. J'ai lu alors ces lettres d'Artaud et, par un mouvement de projection identificatoire, je me suis trouvé en sympathie avec cet homme qui disait qu'il n'avait rien à dire, que rien ne lui était dicté en quelque sorte, alors que pourtant l'habitaient la passion, la pulsion de l'écriture et sans doute déjà de la mise en scène. Che,in faisant -- et là je parle du temps long, des années, des décennies aue on suivi --, j'ai dû toujours chercher à penser ce que cette experience du "ne rien avoir à dire" avant d'écrire avait d'essentiel pour toute écriture. ...
Pourquoi donc cette identification de jeunesse à Artaud? J'ai commencé dans mon adolescence (elle a duré longtemps, jusqu'à trente-deux ans..., à vouloir passionnément écrire, sans écrire, avec ce sentiment de vide : je sais qu'il faut que j'écrive, que je veux écrire, que j'ai à écrire, mais au fond, je n'ai rien à dire que ne commence à ressembler à quelque chose qui a déjà été dit. Quand j'avais quinze ans, seize ans, je me rappelle, j'avais ce sentiment d'être protéiforme -- c'est un mot que j'ai découvert chez Gide, et qui me plaisait beaucoup. Je pouvais prendre n'importe quelle forme, écrire sur n'importe quel ton dont je savais que jamais ce n'était vraiment le mien ; je répondais à ce qu'on attendait de moi ou bien je me retrouvais dans le miroir que me tendait l'autre. Je me disais : je peux tout écrire et donc je ne peux rien écrire. C'est là que se creusait ce vide que je croyais reconnaître chez Artaud. Comme si je le disais : au fond je ne suis rien, je peux être n'importe qui, je peux prendre telle ou telle posture et donc quelle est ma voie (ma voix)? ... Et encore maintenant, avant chaque texte que j'écris, mutatis mutandis, c'est le même blanc, le même désespoir, le même sentiment d'impouvoir -- "j'arriverai jamais..." -- ; même pour des choses très modestes, quatre pages.
magazine littéraire, No. 434, Septembre 2004
3 comments:
That is a QUITE WONDERFUL QUOTATION.
Miscellaneous thoughts:
I hope you said "act of sympathetic imagination" in the end, that's a phrase I use often myself! Then you will have to avoid "in sympathy" in the next clause, but you could be adventurous and say "on the same wavelength" instead.
Derrida is almost channeling Sartre here, isn't he? Haven't read "Les Mots" since I was a teenager, but it seems awfully reminiscent of that description there of youthful writing.
I teach bits of Artaud (the actor's athleticism, the theater of cruelty) with various 18th-century stuff--the athlete stuff resonates extraordinarily with Diderot and with Garrick's theories of acting (check out the chapter in Joseph Roach's "The Player's Passion" called "Nature Still, but Nature Mechanized," I guarantee you will love it, in fact you must go and read it right away!), the cruelty/conquest of Mexico stuff with Sheridan's play on the same topic and some material from Burke's impeachment of Warren Hastings.
I think this is also with the same theme of the dfw thing you made me think about--If I have nothing to say then do I have everything to say and then do I have nothing to say when I have everything to say? How can one say anything to anyone this way (except now the problem is with the 'speaker' and not the 'listener'(Is this JUST a part of being young, is this what it says? even if young could be 32)
But I don't know what french sounds like so I may have missed the meaning on some words.
'Et encore maintenant' ...
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